Si l’un de ses « premiers émerveillements » artistiques remonte à une visite au Louvre à l’âge de sept ans, où il tombe en arrêt devant le Martyre de Saint Sébastien de Mantegna: mon regard juste à la hauteur des flèches transperçant ses jambes, ne cherchez pas de violence ostentatoire dans la peinture de Rodolphe Coré. La violence, la mort, la vie, il a choisi de les raconter à travers les éléments et les lumières : le frémissement d’un arbre dans un paysage d’hiver, l’écume jaillissant d’une mer ver de gris, et, dans ses ciels qu’il aime tant, « les nuages qui passent… là-bas… là-bas… les merveilleux  nuages! ».*
« Je veux donner à mes paysages un côté universel, la plage d’ici pourrait être ailleurs, je ne suis pas un peintre régional ».
Au gré de ses voyages, lointains ou immobiles, « je peins ce que l’on a autour de nous », il traque les palpitations de la nature; modernité oblige, l’appareil numérique accompagne le carnet de  croquis. Son regard de peintre réinvente la photo sur la toile, la sculpte, la floute, l’épure…
Si le bleu est omniprésent dans ses tableaux,  il aime y ajouter « des couleurs qui viennent du ventre et qui peuvent être sales », des gris aux milles nuances, « des couleurs auxquelles on ne peux donner de nom », des tonalités qui s’affrontent et se complètent pour mieux exister.

Un jour on lui a reproché de n’être pas un peintre « politique », c’est vrai, Rodolphe Coré est un homme libre, dont la suprême élégance est de nous laisser la liberté de continuer l’histoire qu’il nous livre dans ses toiles.

A.B.

*Charles Baudelaire